Le harcèlement domestique
Les abus existent dans plusieurs domaines : physique, émotionnel ou sexuel. On ne reconnait pas toujours une relation abusive.
Parfois, les gens vivent des relations abusives pendant des années sans s’en rendre compte.
Toute relation est différente, bien sûr, mais lis-bien ce cas frappant :
Jean et Anne ont une relation depuis cinq ans. Depuis qu’elle est en couple, Anne s’implique de moins en moins dans ses engagements sociaux. Elle passe le plus clair de son temps avec Jean, et a coupé les ponts avec sa famille et pas mal d’amis.
Jean a une nature possessive et est jaloux d’Anne dès qu’elle passe du temps avec quelqu’un d’autre que lui. Anne a horreur qu’on lui pose des questions et préfère donc rester près de Jean plutôt qu’écouter ses reproches quotidiens.
Jean exerce un contrôle sur tous les aspects de la vie d’Anne. Elle trouve difficile de rompre, car Jean la menace de lui faire mal ou de se blesser lui-même. Après des années d’ harcèlement, Anne réalise enfin qu’elle s’est enfermée dans une relation abusive.
Lis un autre récit personnel sur les relations abusives ici.
Es-tu victime d’une relation abusive ?
Voici les signes d’une relation abusive :
- Ta ou ton partenaire te blesse physiquement : elle ou il te gifle, te tire les cheveux, te frappe, te boxe, te jette des objets au visage.
- Ta ou ton partenaire t’oblige à avoir des relations sexuelles (c’est du viol, même si tu es en couple ou marié·e).
- Ta ou ton partenaire menace de te tuer ou te blesser, ou de se tuer ou se blesser.
- Ta ou ton partenaire blesse ou menace tes enfants.
Si tu reconnais l’un de ces faits, il est temps de le ou la quitter le plus tôt possible. C’est grave, et ça peut être dangereux pour toi ou pour tes enfants.
Voici les signes qui confirment que tu es victime d’abus dans ta relation :
- Tu as peur sans arrêt, tu crains ta ou ton partenaire.
- Ta ou ton partenaire exige que tu aies des relations sexuelles d’une manière que tu n’aimes pas.
- Ta ou ton partenaire est exagérément possessif·ve, jaloux·se.
- Ta ou ton partenaire n’aime pas que tu passes du temps avec des amis ou ta famille.
- Ta ou ton partenaire exige de savoir ce que tu fais à tout bout de champ dès que tu n’es pas près d’elle ou de lui.
- Ta ou ton partenaire exige de connaître les mots de passe de ton e-mail, portable, etc.
- Ta ou ton partenaire t’humilie ou te maltraite en public.
- Ta ou ton partenaire t’accuse d’être la cause de tous les problèmes ou bagarres dans votre relation.
- Tu as l’impression que ta ou ton partenaire déforme la réalité pour manipuler la situation.
- Tu trouves très compliqué de rompre la relation.
- Tu te dis à toi-même : « elle ou il me fait du mal, mais je l’aime » ; ou « elle ou il abuse de moi, mais je ne peux pas me passer d’elle ou de lui ».
- Ta ou ton partenaire te fait des reproches sur ta façon de t’habiller, sur ton corps.
- Ta ou ton partenaire t’affuble de toutes sortes de noms, même si ça a l’air pas trop grave, comme « stupide (zoba) », « bimbo (ndumba) »…
- Ta ou ton partenaire contrôle toutes tes décisions financières et dit que tu n’es pas capable de gérer l’argent ou tes finances.
- Ta ou ton partenaire t’insulte ou t’humilie devant tes enfants.
- Ta ou ton partenaire te rend responsable de toutes les fautes que font les enfants.
Tous ces signes sont des signaux classiques d’alarme qui confirment que tu es victime d’une relation abusive. Si tu te reconnais dans l’une ou l’autre de situation, parles-en à ta ou ton partenaire. Surtout, si tu vois que l’une ou l’autre de ces situations commence à se produire régulièrement. Le plus tôt sera le mieux. Par la parole, tu pourras peut-être crever l’abcès et sauver votre relation avant qu’il ne soit trop tard.
Et si c’était toi ?
Si tu te reconnais en partenaire abusive ou abusif, si tu te reconnais dans ces signaux d’alarme, pose-toi des questions sur ton comportement et sur la façon de traiter quelqu’un que tu es censé·e aimer.
Si tu es victime d’une relation abusive
Tout d’abord tu dois reconnaitre que tu ne mérites pas d’être abusé·e. Dans une relation amoureuse, le respect et la confiance sont cruciaux.
C’est normal d’avoir du mal à reconnaître que tu es abusé·e . Mais lorsque tu ressens ces signes d’abus (physique, sexuel ou émotionnel), il est temps d’aller demander de l’aide.
Généralement tu remarques que tu t’es distancé·e de tes amis et de ta famille. Soit c’est toi qui as pris les distances, soit c’est ta ou ton partenaire qui l’a fait pour toi.
Dans ce cas, la meilleure chose à faire est de renouer les liens avec eux.
Commence prudemment à contacter quelqu’un en qui tu as confiance, quelqu’un qui, à ton avis, va t’écouter. Envoie-lui un e-mail, téléphone-lui (à l’abri de ton partenaire) pour lui expliquer la situation.
Confie-lui les détails de ta relation tourmentée. N’aie pas honte de lui raconter ce qui s’est passé et comment tu te sens. Parle de ce que tu envisages, que ce soit la rupture ou une seconde chance. Donne tes raisons et écoute son point de vue. Demande comment elle ou il pourrait t’aider, et discute des prochaines étapes que tu pourrais suivre.
Si tu ne sais pas qui pourrait t’aider ou t’écouter dans ton cercle familial ou d’amis, recherche des conseillers ou des lignes d’entraide qui pourraient te conseiller par téléphone.
Tu pourrais contacter :
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Si jeunesse savait au 0890000660 à Kinshasa
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Le numéro du salut de l’OCDH au 1444 (dans l’étendue de la République)
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PIGASIMU au 0990119119 (au Sud-Kivu dénonce le viol)
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Numéro d’urgence (recouvrant l’étendu de la République) au 090088929 ou 0900088780
Si tu veux continuer ta relation
Personne n’est parfait. Nous évoluons tous et apprenons à faire du meilleur possible. Les relations ont toujours des hauts et des bas et c’est aux deux partenaires de faire en sorte que celle-ci soit saine et convenable.
Si tu constates des abus dans ta relation, vous pouvez travailler ensemble – les deux partenaires, ou avec un conseiller ̶ pour changer les modes de comportement qui font mal.
Si vous faites de votre mieux pour bien communiquer et y ajoutez de la volonté pour améliorer ce qui ne marche pas, il vous sera possible de renforcer cette relation.
Mais toi, impose-toi une limite. Sois réaliste dans tes objectifs et à ce qui doit changer dans la relation. Essaie de te faire un agenda afin de ne pas t’embourber dans une relation malsaine. Par exemple, « si dans deux mois ma ou mon partenaire continue à m’humilier devant mes amis, je pars. »
C’est logique de vouloir que les choses aillent mieux et il arrive que les gens changent. Mais il arrive aussi qu’ils ne changent pas. Ça tu dois l’accepter et avancer.
Si tu envisages de quitter ta ou ton partenaire
Si tu as décidé·e de quitter ta ou ton partenaire, il y a plusieurs choses à envisager. Il n’y a pas de recette miracle.
Ça peut être facile si par exemple tu te décides de ne plus le ou la revoir, ne plus répondre à ses appels ou ses texto, couper le contact avec ses amis et même sa famille. Tout ça est possible, tant que tu ne vis pas dans la même maison qu’elle ou lui.
Même si le faire semble dur, essaie de prendre rapidement ta décision pour diminuer le mal que tu peux te faire à toi-même. Donne une chance à ta relation, mais pas au prix de ton bien-être ou de ton estime de soi.
Ne te prends pas pour responsable de ces abus. Les gens victimes de relations abusives pensent souvent « C’est moi qui en suis la cause », « tout est de ma faute », ou « tu peux dire que c’est moi la fautive ou le fautif ». Mais il n’y a jamais une excuse à un abus, et ce n’est pas ta faute et ça ne le sera jamais !
N’oublie pas que tu peux appeler la police pour te sortir d’une relation abusive. Cependant, comment peux-tu leur faire confiance, comment pourront-ils te répondre ? Tout dépend de là ou tu vis.
Si tu ne penses pas pouvoir faire tout ça toi-même, tu peux appeler le SANRU pour un soutien au 4722 .
Quitter une relation abusive
Si tu es marié·e avec un·e partenaire abusive ou abusif et que vous vivez sous un même toit, alors tu devras prévoir une stratégie de sortie. Ci-dessous, quelques idées pour te guider éventuellement :
1. Planifie, planifie, planifie.
C’est très dur de partir définitivement, et c’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de gens restent en fin de compte.
Tout dépend de ta situation individuelle, c’est-à-dire des ressources que tu possèdes.
Planifie le jour le plus propice pour partir. Ça pourra être quand ta ou ton partenaire est en voyage d’affaires ou est sorti·e toute la soirée avec des amis. Cherche le bon moment pour ta sortie. C’est peut-être une bonne idée de t’entraîner ou de « répéter » ton départ avant de le faire pour de vrai.
Si tu as des enfants, explique-leur ce que tu as prévu de faire et gagne leur confiance. Tu devras leur parler longuement et pendant un certain temps. Si tu veux les emmener vivre avec toi, pense à l’endroit où vous allez rester. Ce n’est pas trop difficile de loger un enfant, mais s’il y en a plusieurs, ça peut poser des problèmes.
Pense aux emplois du temps scolaires et comment tes enfants pourront retrouver un rythme normal de vie.
Si tu ne prends pas tes enfants car tu penses que c’est mieux pour vous tous, tu auras besoin de prendre plus de temps pour leur expliquer tout ça. Tu dois aussi prévoir comment ils seront pris en charge.
Comme tu vois, c’est très difficile de faire tout tout·e seul·e. C’est exactement pour cette raison que la plupart des gens restent dans les relations abusives.
2. Appelle quelqu’un en qui tu as confiance et qui peut t’aider
Tu as besoin de quelqu’un sur qui tu peux compter en cas de problème. Explique-lui ton projet. Ce peut être ton voisin, un collègue de confiance, un ami de longue date ou encore un parent que tu côtoies encore.
3. Cherche-toi une cachette sûre
Ne laisse pas d’indices qui pourraient aider ta ou ton partenaire à te trouver. Si tu travailles, assure-toi bien que ton lieu de travail est sûr. Ira-t-elle ou il te chercher là-bas ? Il faudra peut-être que tu partes quelque temps ou que tu quittes ton boulot pour assurer ta sécurité.
4. Mets de l’argent de côté
Compte tes économies. Avec ça, combien de jours, de semaines ou de mois tu pourras survivre ? Si tu ne possèdes pas beaucoup d’argent, il est temps de demander de l’aide. Il y a peut-être un ami ou de la famille qui comprend la situation et qui pourra t’aider sans ajouter des tensions à ton existence déjà stressante.
5. Prends le temps de récupérer
Casse le cercle vicieux de celle ou celui qui a été abusé·e. Reprends une vie normale et rapproche-toi de personnes qui n’ont pas de passé violent. Tu peux t’adresser à des centres de conseil et des lignes d’assistance pour rechercher de l’aide.
6. Envisage de divorcer si tu es prêt·e
Va chercher une assistance juridique, renseigne-toi sur les documents nécessaires pour un divorce, et regarde les options possibles. Il y a de nombreux organismes et institutions de protection qui offrent gratuitement leurs services aux gens victimes d’abus. Jette un œil sur ces liens pour avoir une idée :
- L’association ACAJ ou encore madame Pélagie EBEKA pour avoir des renseignements sur la manière de préparer un dossier de charge contre ta ou ton partenaire qui t’abuse.
Pourquoi reste-t-on dans une relation si l’on est victime d’abus ?
Les victimes de relations abusives restent malheureusement souvent avec leur partenaire.
Il y a de nombreuses raisons à ça.
Parfois c’est par ce que tu aimes encore ta ou ton partenaire abusif· ve. Parfois aussi, c’est parce que tu manques de confiance en toi ou que malgré tout tu n’as pas envie de détruire la structure familiale. Il est possible aussi que tu souhaites rester avec ta ou ton partenaire pour le bien de vos enfants ou par crainte des conséquences de ton départ, de ce que les gens diront de toi ou de ta famille.
Si tu as grandi dans un environnement violent, ta propre relation abusive peut même te sembler normale.
La coutume et la religion peuvent aussi être une raison ; Il faut dire que chez nous les Bantus, le mariage est très sacré. Dans quasiment toutes nos coutumes, la femme se retrouve en situation d’infériorité par rapport à l’homme et la religion de son coté surenchéri en lui recommandant soumission à l’homme. Par conséquent les violences ne sont généralement pas perçues comme une raison valable de séparation.
Es-tu capable d’arrêter les abus ?
Tu commets des abus dans ton couple ? Tu es dominatrice ou dominateur et possessif·ve avec ta ou ton partenaire ? Tu as envie de changer de comportement mais tu n’arrives pas à te contrôler ?
Ce n’est pas toujours facile d’arrêter les comportements violents. Mais tu as déjà franchi le cap le plus important : tu acceptes et reconnais que ton comportement abusif fait du mal à ta ou ton partenaire.
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Trouve quelqu’un à qui te confier, autre que ta ou ton partenaire. C’est une étape difficile et qui demande beaucoup de courage. Mais quand c’est fait, tu as au moins quelqu’un d’autre qui connait la situation et qui peut te soutenir.
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N’hésite pas à faire appel à un spécialiste pour t’aider dans cette démarche.
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Identifie la cause de ton comportement abusif. Ta ou ton partenaire n’est parfois qu’une cible pour tout ce qui va mal dans ta vie. En tout cas, tu dois connaitre la cause de tout ce stress et de ce qui te rend violent·e. Es-tu trop possessif parce que ton partenaire t’a trahi·e dans le passé ? Ou bien la cause est-elle plus profonde (une enfance difficile ou un précédent mariage) ? Est-ce que la drogue ou l’alcool sont en jeu ?
Parles-en ouvertement avec ta ou ton partenaire. Quand tu sauras pourquoi tu agis de la sorte, dis lui ce que tu as découvert sur toi. Dis-lui que tu veux changer de comportement. Demande-lui de t’aider à changer et essaie de réparer le mal que tu as dejà fait. Demande-lui comment elle ou il souhaite être traité·e et réfléchis à ce que tu peux faire pour répondre au mieux à ses demandes.
Les actes sont plus importants que la parole : tu dois prouver que ton comportement n’est plus abusif. Si tu continues à être violent·e envers ta ou ton partenaire, mais que tu te contentes de t’excuser, de la ou le supplier de te pardonner, alors rien n’a changé. Au contraire, tu la ou le fais souffrir encore plus.
Travaille sur toi pour te comporter de façon positive. Quand tu as compris comment mieux te comporter, mets-toi au travail. Fixe-toi des objectifs personnels pour gérer ton stress et ta colère. N’oublie pas qu’être violent·e ou pas ne dépend que de toi.
Ne t’attends pas à ce que ta ou ton partenaire soit chaleureux·se et bienveillant·e envers toi. Elle ou il accumule peut-être des années de colère étouffée. Elle ou il peut ne pas savoir comment réagir face à ton changement de comportement et peut même se montrer méfiant·e. Prépare-toi à des réactions négatives mais ne te décourage pas.
Sois patient·e. Ne t’attends pas à changer radicalement de comportement tout d’un coup. Ne te fixe pas des objectifs irréalistes. Les comportements abusifs peuvent mettre pas mal de temps à disparaître.