jeune fille perplexe
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Jolie : infectée après un rapport non protégé

Qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Certaines personnes, rencontrées fortuitement, peuvent au final avoir un très grand impact sur notre vie et pour la part de Mme Jolie, ceci s’est révélé être vraie alors qu’elle était étudiante. Aujourd’hui, elle vit avec le VIH. Voici son histoire.

Nous sommes à Lubumbashi. L’hôpital général de référence (HGR) de la Kenya est une grande structure sanitaire située dans la commune portant le même nom. C’est dans cette bâtisse aseptique que j’ai passé pendant deux semaines un stage de laboratoire.

Parmi mes tâches ? Prélever des échantillons de sang chez des personnes suspectées d’être infectées par le VIH et j’en ai fait chez beaucoup.

Papa Gaspar par exemple, la cinquantaine, de taille courte fût mon premier patient. Il n’avait que la peau sur les os et ses yeux brillaient de désenchantement.

Et pratiquement tous ceux qui sont venus au laboratoire étaient comme lui, partagés entre espoir vain et indifférence feinte. La peur d’une mort prochaine les rongeait, certains plus que même la maladie.

Une femme mariée, dans la trentaine, plutôt mince, à la chevelure longue et ébouriffée semblait cependant sortir de ce lot.  Contrairement aux autres, elle avait quelque chose de différent. Elle n’était pas partagée entre peur de la mort et espoir de guérir, elle semblait plutôt résignée. Avec ses sourcils épais et son sourire moqueur, Mme Jolie Kalasa me donnait l’air d’être imperturbable, comme si aucune nouvelle ne pouvait plus  la troubler.

Elle venait pour évaluer sa charge virale et donc évaluer l’efficacité de son traitement qu’elle prend depuis plus de 10 ans.

Une histoire typique

« C’était au cours de mes études universitaires, je venais de terminer mon graduat et entamai ma licence en droit. J’avais un petit ami, Edie, très charmeur » dit-elle en marquant une pause.

«Je ne voulais pas perdre ma virginité en dehors du mariage mais Edie insistait et j’avais envie de lui aussi, nous avons alors décidé de coucher ensemble et c’est comme ça que toute l’histoire a commencé. Je lui faisais une confiance aveugle »

Tout commence toujours par une confiance aveugle

« On calculait ensemble les jours d’ovulation pour les éviter, parfois il se retirait avant d’éjaculer, nous faisions tout pour que je ne tombe pas enceinte. C’était un homme qui vous inspirait le sérieux, je ne le soupçonnai pas d’être porteur du VIH et lui accordai ainsi toute ma confiance. Ça commence toujours par ça vous savez ? Quand on a une confiance aveugle en son partenaire »

Jolie s’interrompait souvent prise par une soudaine toux. Elle parlait en gesticulant, librement et toujours avec cet air je-m’en-foutiste.

Un préservatif aurait changé ma vie

« Regrettez-vous de n’avoir pas utilisé de préservatifs ?»

Je lui posai cette question un peu gênée, parce que la réponse me paraissait évidente.

Elle répondit avec un sourire triste « tous les jours depuis la découverte de la maladie » redressant sa tête, elle ajouta « mais j’essaye de ne pas trop y penser, sinon on perd l’essentiel »

Ne pas perdre l’essentiel

Selon Mme Jolie la vie est trop précieuse et courte pour la passer à geindre et à regretter.

« J’estime avoir eu beaucoup de chances » dit-elle «Edie lui, est décédé il y a maintenant 7 ou 8 ans, je suis mariée à homme infecté aussi mais nous suivons tous les deux un traitement et nous nous aimons. Nous avons une fille et je la conseille chaque jour de soit utiliser un préservatif soit d’attendre le mariage…»

*Les noms ont étés changés pour préserver la vie privée de la personne interviewée*

 

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