Souvent lorsque s’invitent les premières règles, les filles ne sont pas informées à cause du tabou qui continue d’entourer les menstruations. Pour les plus chanceuses à qui cela arrive à la maison en présence d’une grande-sœur, c’est à cette dernière que revient la charge dans de nombreuses familles d’expliquer l’abécédaire des menstrues aux petites au moment des faits mêmes.

Cela fut mon cas. Et je vous partage à mon tour, les premiers conseils de ma grande-sœur.

Du sang sur la jupe d’uniforme

De retour de l’école Béree où j’étudiais en 2ieme secondaire, je remarque, au moment de changer les habits, que mon uniforme est tacheté de sang. Je n’avais que 13 ans.

De nombreuses questions traversent mon esprit : me suis-je blessée ? ai-je perdu ma virginité et comment cela est-ce possible ?

N’ayant aucune réponse, je me mets à pleurer avant de me recroqueviller sur le lit comme poussé par une envie de m’endormir pour calmer mes craintes.

Du sang sur les draps

Sans avoir vraiment dormi, en voulant quitter le lit, je remarque, cette fois-ci, que les draps sont à leur tour recouverts de sang.

L’angoisse ne pouvait être qu’à son comble. Au moment où je me demande quoi faire ; ma grande sœur, ayant remarqué un comportement bizarre de par le fait de m’être isolée, s’invite dans la chambre et laissez-moi vous avouez qu’elle était tombée au bon moment.

Elle ne l’a pas remarqué tout de suite. Elle me posait de nombreuses questions et moi, j’étais comme une muette.  Elle a fini par remarquer du coin de l’œil les tâches de sang sur le drap et comprend vite que j’avais « réglé ».

Ne panique pas, garde ton calme

Elle veut tout de suite me rassurer… « Estha, omoni sanza ? ». Sans attendre ma réponse, elle confirme : « Tu viens de régler et c’est normal ». Elle s’empresse de fouiller dans ses affaires pour me trouver une bande hygiénique. En me la donnant, elle me dit de toujours en avoir une sur moi pour éviter de tâcher mes habits quand surviendront les prochaines règles.

Par la même occasion, elle m’explique comment calculer mon cycle menstruel et en profite pour me mettre en garde contre les hommes en ces termes : « maintenant, si tu couches avec un homme, tu vas tomber enceinte, tu es avertie ! ». 

Le lendemain, elle s’est chargée de dire à maman ce qui m’était arrivée et toutes les deux se mirent à rire en me disant : « okomi mwasi » comprenez par-là : « tu es devenue femme ». C’est comme ça qu’on dit, dans notre culture, pour désigner une fille qui vient d’avoir ses premières règles.

Cet article est écrit dans le cadre du projet #pouvoirchoisir financé par le Canada au travers Oxfam-Québec.

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (4)

  1. Surtout nos Parents Congolais (se) Pense que parler de la sexualité aux enfants c’est du Tabou,et nous trouvons et découvrons et les idées et Les expériences via les amis(es) où les réseaux sociaux comme le cas de votre Page merci beaucoup !

  2. Wouah.
    Merci Esther pour le partager de votre expérience enfin d’aide plusieurs jeunes filles.

AMOUR AFRIQUE

Amour, sexe, sentiments : on en parle sans tabou