drapeau LGBT dans la carte d'Afrique
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Bien dans sa peau

Ces temps-ci, Marvin apprend beaucoup de choses sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre (OSIG). Plus il en sait sur ce sujet, plus il repense à quelqu’un qu’il connaissait dans sa jeunesse.

Pas de problème 

En primaire, j’étais dans la même classe que Michael. Il était bien éduqué, attentionné, toujours sociable. C’était un bon garçon.  

Michael avait une particularité : il détestait traîner avec les autres garçons. Au déjeuner, il s’asseyait avec les filles. Il choisissait toujours l’équipe des filles quand on faisait du sport ; il allait même nager avec elles quand c’était jour de foot pour les garçons. La seule fois où on a insisté pour qu’il joue avec les gars, il a pleuré. On l’a laissé tranquille après ça.  

Je n’y ai jamais trop pensé à l’époque. Il ne faisait de mal à personne, et il avait le droit d’être avec qui il voulait. Après tout, il y avait bien des filles qui préféraient passer leur temps avec les garçons.  

Depuis, j’ai grandi et j’ai beaucoup appris. J’ai réalisé que Michael vivait sans doute quelque chose de bien plus important que je ne le croyais à cette époque. Plus je me renseigne sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, plus je lis sur ce sujet, et plus je pense à Michael.  

Bien des questions 

Était-il mal dans sa peau, comme beaucoup de gens le sont apparemment de nos jours ? Se sentait-il comme une fille enfermée dans un corps de garçon ? Nos taquineries, qu’on pensait innocentes, lui ont-elles fait du mal ? Comment ses parents ont-ils réagi à son comportement « différent » ? Ont-ils essayé de le comprendre ? Ont-ils été durs avec lui parce que cette « phase » un peu « étrange » n’est jamais passée ? 

Aujourd’hui, est-il attiré par les femmes ou les hommes ? Ou bien les deux ? Comment s’en sort-il dans une société qui affirme qu’on devrait aimer son prochain malgré les différences, mais qui s’en prend violemment à toute personne qui sort du lot ? 

Il n’y a sans doute rien de plus difficile à vivre que de se sentir mal dans sa peau.  

Partout, on t’inculque l’idée que les garçons doivent se comporter comme des garçons et les filles comme des filles. Tous les membres de ta famille et tes ami·e·s se conforment à cette « règle », ta religion dit que c’est la loi divine et pourtant… Te voilà méprisé·e pour afficher des caractéristiques associées à l’autre sexe. Tu es seul·e, isolé·e, alors que tu veux juste qu’on t’accepte, comme tout le monde. 

Comme tout le monde.  

La différence n’a rien de mal 

Je réalise maintenant que Michael et moi avons des conceptions différentes de ce qui est « normal ».  

Dans un monde peuplé de gens si différents, j’ai compris que c’est injuste de forcer les autres à correspondre à ton idée de la « normalité ».  

On voit souvent les choses comme ça : ton corps détermine ton identité de genre, puis « tout naturellement », ton identité de genre détermine directement ton orientation sexuelle. Pour Michael, ça n’était pas le cas. Pourquoi ? Je ne le saurais sans doute jamais.  

Par contre, je sais qu’il était quelqu’un d’aimable à cette époque, et ça n’a probablement pas changé. Je sais qu’il devait faire face à quelque chose que les adultes n’étaient pas préparés à gérer. Que dire alors d’un enfant ?  

Je sais aussi qu’il vit dans un pays où les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas. Ils préfèrent l’ignorance ou le recours à la force pour « corriger l’erreur » de quelqu’un plutôt que l’empathie pour tenter de comprendre son vécu.  

Michael, je suis désolé si je t’ai fait du mal. J’espère que tu vis avec des gens qui te comprennent et te traitent bien. Et j’espère que tu as trouvé une manière de te sentir bien de ta peau, quelle qu’elle soit.  

Tu connais quelqu’un ayant une orientation sexuelle différente ? Laisse un commentaire ci-dessous ou sur Facebook

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