Nous avons parlé à quelques jeunes issus des foyers polygames.
Un mauvais exemple, un schéma dévastateur
Pour juste expliquer le contexte de polygamie en République démocratique du Congo, il existe deux modèles : celui où les épouses vivent sous le même toit ou habitent une même enceinte, un autre où chacune vit chez elle. C’est selon les moyens de l’époux ou l’entente qu’il y a dans cette poly-union. Du coup l’époux alterne les nuits et les journées entre chez les épouses.
Pour Yves, un jeune Congolais, issu d’une famille dont le père avait trois femme, les coépouses vivaient ensemble dans la même parcelle. Il ne voudrait jamais reproduire ce qu’a fait son père. Il témoigne : « Mon père n’était pas souvent à la maison, il avait sa favorite parmi ses 3 épouses et cela ne me plaisait pas. Il passait plus de nuits chez elle que chez les autres. »
Il ajoute que vivre aussi proche les unes les autres, n’aidait pas : « Comme nous habitions tous dans une même parcelle nous(les enfants) nous retrouvions très vite associés aux querelles de nos mères jalouses. », raconte le jeune.
Puis un sentiment permanent de rejet traumatisait l’esprit du jeune Yves. Un sentiment désagréable et dévastateur : « Chaque fois que je voyais mon père venir une nuit et repartir le jour, un sentiment de rejet me prenait. J’étais très jaloux de mes autres frères avant le décès de mon père. »
Yannick, dont le père entretien 4 épouses, pense aussi comme Yves, que la polygamie n’est pas un exemple à suivre. Il se souvient du traumatisme que cela est pour les enfants dès leur jeune âge et comment cela affecte leur vie d’adulte. Yannick pense que ses blessures d’enfance l’ont affecté, il sent qu’il lui manque quelque chose aujourd’hui. Pourtant son père a toujours subvenu aux besoins de tous ses enfants. Au final, l’important ne serait pas que de payer les habits ou les études des enfants. Le problème dans la polygamie va loin de la seule question financière :
Il témoigne : « Mon père est pourtant un homme responsable, je connais beaucoup d’enfants dans mon cas qui n’ont même pas été instruits mais à nous, mon père a tout donné, il a pourvu à tous nos besoins. Mais malgré ça, j’ai grandi blessé et déséquilibré sur le plan sentimental. » Une petite pause, et il continue : « Enfant, je me posais des questions en voyant que mon père ne vennait chez nous que les week-end. Quand j’ai appris qu’il avait 4 femmes et qu’il préférait habiter avec l’une d’elle, j’étais bouleversé. J’avais l’impression d’être mal aimé, rejeté, d’être une honte. Je suis devenu plus tard dépressif et j’étais incapable de me faire des amis à l’école ou même ressentir de l’amour. Aujourd’hui même, j’ai encore l’impression qu’il me manque quelque chose. La polygamie n’a aucun avantage, s’il y en a que pour l’homme, et beaucoup d’inconvénients pour les enfants »
Attention, ne faites pas ça chez vous
A en croire Yves et Yannick, la polygamie se vit mal pour les enfants et est à éviter. D’ailleurs les enfants ne sont pas les seul à en souffrir. Yves est orphelin. Son père est décédé très tôt et il pense que toutes les querelles entre les épouses et les enfants ont joué un rôle qui a précipité son paternel dans le repos éternel. Très jeune, Yves et ses frères ont dû apprendre à se battre pour la vie. Ils ont dû apprendre à s’occuper de leurs mères et de la scolarité de plus jeunes.
Il ne peut pas n’y avoir que d’histoires négatives
Je suis conscient que les deux expériences dont nous avons parlé ici sont négatives. Mais je suis convaincu que des histoires positives de polygamie doivent exister. Alors si vous avez des témoignages à partager, mettez-les nous en commentaires et cela fera l’objet d’un prochain article.