viol conjugal : femme assise en état de choc
(C) Love Matters | Rita Lino

Viol conjugal : une zone d’ombre

Peut-on être violée par son mari ? Où se situe la frontière entre vie privée et viol conjugal ?

 « Le viol n’existe pas dans un mariage. Le corps d’une femme est là pour satisfaire son mari quand il le souhaite. Si elle n’a pas envie, qu’elle ne lui reproche pas d’aller coucher ailleurs. » 

C’est ce qu’avait déclaré ma professeure de chimie à l’école privée catholique pour filles. Elle nous avait alors cité tout un tas de versets de la Bible pour justifier ses paroles.  

Je me sentais perdue. À cette époque, j’étais déjà pratiquement sûre que c’était faux, mais je ne pouvais m’appuyer sur aucun passage de la Bible, sur aucun fait. Par contre, je savais déjà clairement ce qui était bien ou mal.   

J’ai demandé : « et si, en tant qu’épouse, je me sens mal ou fatiguée ? Ou bien si je n’ai pas envie d’avoir des relations sexuelles ? » Elle s’est alors exclamée : « Tiens donc, tu seras une de celles qui disent qu’elles ont mal à la tête, n’est-ce pas ? Dans ce cas, prends un cachet et accomplis ton devoir conjugal ! » Toute la classe a éclaté de rire.

« Même si on vient de se disputer, et si on est très en colère contre l’autre ? Je n’ai pas le droit de ne pas avoir envie ? C’est vraiment horrible ! » 

« Écoutez. Comme je viens de l’expliquer, si vous refusez le devoir conjugal, ne vous fâchez pas si une autre femme est prête à offrir ce que vous ne pouvez pas donner. » 

C’était donc la conclusion de la première discussion de ma vie sur le viol conjugal.  
C’est épouvantable : près de 15 ans plus tard, j’entends encore les mots de ma professeure dans la bouche de bien d’autres personnes. Surtout des femmes.  

Ma position sur ce sujet n’a pas non plus changé. En fait, je suis encore plus convaincue que c’est inacceptable.  

Je trouve épuisant d’expliquer qu’il n’y a absolument aucune différence entre le viol dans le mariage ou en dehors du mariage.  

Pour moi, c’est pourtant simple.  

Vois-tu : le viol, c’est mal. Le consentement, c’est bien. Rien de plus clair !  

Malgré tout, je vais essayer de dire pourquoi cette forme de violence, qui s’exerce en général contre les femmes, est atroce. 

Voici quelques raisons : 

  • Non c’est non. Pas de « si » ou de « mais ». Si une femme dit qu’elle ne veut pas de relation sexuelle, on doit toujours respecter son souhait.   

  • Tout viol est inacceptable, quel que soit son type.   

  • Le corps d’une femme lui appartient.  

    Elle peut choisir quand et avec qui elle veut le partager. Aucun vœu ou contrat de mariage ne peut changer ça. Les gens doivent cesser de se croire tout permis avec nos corps.    

  • Si on ne considère pas vraiment le viol conjugal comme un viol, qu’en est-il du viol en dehors du mariage ? Alors on revient en arrière et on oublie complètement la question du consentement ! 

  • « Mais c’est presque impossible de prouver qu’un mari a violé sa femme. » Je n’arrête pas d’entendre cet argument. Ma réponse ? La justice doit se retrousser les manches et trouver une solution. Les victimes de cette violence ne doivent pas être réduites au silence juste parce qu’il n’y a pas de solution facile. Non, mais franchement ! 

Enfin, sois très méfiante si un homme qui dit qu’il t’aime essaye de t’imposer des relations sexuelles. C’est le comble de la haine et du manque de respect. 

Si tu subis des violences sexuelles et tu ne sais pas où en parler, contacte notre équipe de modératrices et modérateurs pour trouver de l’aide et du soutien.  

 

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